mardi 18 septembre 2012

Il était une fois un étai...

Il était une fois...
Il étaie une fois...
(Il était une fois un étai qui étaie une fois...)



Il était une fois... un étai... en hêtre, cela va de soit !
Un étai, comme chacun sait, ça sert à étayer.
Mais... qu'étaie-t-il donc ?
Bah, l'étai étaie ce qui est, ce qui est autour de lui, au-dessus surtout, faudrait pas que ça s'écroule sinon ce qu'il étaie ne serait sans doute plus. Ne croyez pas que c'est facile de se tenir pour soutenir ainsi sans bouger, une éternité apparemment à ne rien faire, car il faut le faire tout de même ! Essayez donc d'étayer vous-même, vous verrez ! (ne serait-ce qu'une argumentation... ah ! pas facile, hein !)

Et en silence, sans rien dire, sans se plaindre, aussi longtemps qu'il se tait l'étai fait son job. Respect, ça se passe de commentaire.
Tandis qu'il continue de se taire il se terre sous la terre, étayant ce qui peut l'être dans une pauvre mine qui par manque de soleil n'a décidément pas bonne mine (et pourtant grâce à ses nobles étais en hêtre, cette mine a quand-même de la gueule... mine de rien !).
Ça cause pas mais ça rigole pas non plus dans la mine : l'étai n'est pas là pour amuser la galerie mais pour empêcher que le ciel ne leur tombe sur la tête. Enfin façon de parler parce que là-dessous le plafond n'est pas haut et que le ciel c'est donc… la terre !
Il étaie une fois... mais pas deux. Car l'étai n'a pas le droit à l'erreur, il n'a pas intérêt de lâcher. Un éboulement et c'en serait fini, il n'étaierait plus et se tairait alors pour de bon. Et sous la terre enseveli, on l'oublierait à jamais lui et les autres (point de reconnaissance posthume ni de funérailles après un enterrement qui de fait aurait déjà eu lieu).
Heureusement aux dernières nouvelles l'étai n'en était pas encore là. Mais il continuait de se taire. Et il n'était même pas amer d'être privé d'horizon à force d'être trop proche de la terre.

Oh, je vous vois venir, un étai qui se tait, c'est normal me direz-vous. « mouarf ! ça parle pas un étai !! ». Détrompez-vous l'étai n'est pas muet. Qu'ils soient faits de hêtre, de chêne ou de sapin, les étais parlent en effet tous la même langue : la langue de bois. C'est une sorte d'espéranto post-végétal, un langage objet à mi chemin entre la langue morte et la langue vivante (et moi j'en perds mon latin à essayer de vous l'expliquer).
Du coup vu que vous n'écoutez pas, je me dis que je devrais arrêter la langue de bois, que je ferais mieux de me taire, tout juste comme l'étai qui se tait sous la terre. Ce même étai qui, on avait oublié de vous le dire, déjà se taisait à une époque où il devait pourtant étayer une thèse (ndlr: thèse portant sur "le transport de fûts en hêtre autrefois"...).

Ainsi donc s'achève le deuxième volet de la Trilogie de l'Être (ou "du Hêtre" lorsque le verbe se fait bois) "il fut.../il était.../il est..." ("...un fût/...un étai/...une haie").
Le troisième et dernier volet (qui va être en hêtre lui aussi, rassurez-vous, le plastique c'est pas le genre de la maison) suivra bientôt et s'ouvrira le moment venu dans une fenêtre de votre navigateur web favori. De là à ce que le cadre de cette fenêtre soit tout en hêtre... pensez ce que vous voulez, c'est vous qui voyez, la porte est ouverte (comment ? une porte en hêtre aussi ? mmmhh... peut...être !). ^^