mercredi 6 juin 2012

Il fut une fois un fut...


Narrée à ce temps là, voilà assurément de l'histoire ancienne qui a pris de la bouteille, bref, celle d'un fut qui ne fut guère celui d'un canon mais qui fut plutôt du genre taillé dans un tronc.
Il est délicat de commencer ainsi, c'est difficile à raconter et ça remonte à si loin, mais…
ce fut n'existe plus, hélas !
Enfin, il a été… c'est déjà ça. Et on peut même vous dire qu'il a été en hêtre. Si, si : ce fut fut fait de hêtre ! 


            Funeste sortie de route, quand le fut déraille ça finit en funérailles

Le problème c'est qu'avant de disparaître nul ne sut ce que devint ce fut (que de vin ce fut put-il contenir ? on ne le sut pas non plus). Alors nous menâmes l'enquête. Paraît-il, c'est un accident de chariot lors d'un transport de futs (ou de fonds ? de fonds secrets cachés au fond d'un fut doté d'un double fond ?) qui fut à l'origine de la perte de notre fut. Suite à un bris de roue (sur un chemin en sale état) le fut fut en effet éjecté de la charrette et partit faire plusieurs tonneaux avant d'éclater en morceaux !! PAF !!! Feu le fut, qui passa donc de... la cave au caveau ! (et de l'un à l'autre on vous épargne les détails sur la mise en bière de ce pauvre fut...)

Puis vint le temps des interrogations : pour se faire exploser comme ça, le fut ne fut-il donc pas assez solide ?

- Déjà au niveau du contenu, ça paraît certain (faut pas être devin) : du liquide ! (mais quid de ce liquide ? alors ? vin ? ou… bière ? faudrait savoir ! bon au pire on dira "rien", l'était p't'êt' "vide" remarquez...)

- Quant au contenant, pour passer l'épreuve du temps et résister aux imprévisibles mais néanmoins inévitables heurts, il eut fallu que le fut dure. Or pour cela (faut pas être trop futé - ni trop gland - pour le comprendre) il eut effectivement mieux fallu que le fut fut en chêne. Le hêtre c'est un peu "léger" tout de même (aahhhh... l'insupportable légèreté du hêtre, j'ai déjà entendu ça quelque part...), alors que le chêne au moins c'est du "lourd", c'est costaud, ça tient le choc et ça vieillit bien.

Alors me direz-vous, pourquoi un fut en hêtre ? Ah !? ben oui, pourquoi pas en chêne ?
Tout simplement parce qu'à cette époque là c'était la seule essence de bois disponible dans le coin, voilà pourquoi. En gros c'était "du hêtre sinon rien !"
Autrement dit, je reprends mon souffle et j'expire : 


                       « en hêtre ou ne pas être, telle fut la question »

(de nos jours se poserait aussi la question de ce vide laissé par un hêtre qui n'a plus lieu d'être. Ou la déforestation selon Lamartine :
« un seul hêtre vous manque et tout est dépeuplé »,
formule que l'on replantera i.e. remplacera - avantageusement par :
 « ... toute haie de peupliers », afin de reboiser un minimum !)

Dans cette histoire de fut (qui est à la limite de l'histoire de fou, j'en conviens), vous aurez remarqué que les "fut" fusaient de partout. Pas tous les mêmes pourtant.
Deux mots différents, un verbe et un nom: fut et fut. pppffffuuuu !!! euh ?

Il est finalement judicieux de s'interroger... comment en effet faire la différence entre :

- le "fut" de être (le verbe conjugué à la troisième personne du passé simple de l'indicatif) 

et :

- le "fut" de hêtre (le tonneau en bois de cette essence) ?

Bah, ô grammaire élémentaire, tout le monde le sait, la distinction se fait par l'orthographe : l'un porte un accent (circonflexe) sur le "u", l'autre non. Ah bon ? mais lequel ? hein ?
(et soudain je sens le lecteur circonspect et perplexe à propos de cet accent circonflexe que parfois l'on ne sait plus trop où placer…)

Par exemple dans la phrase : « ce fut fut fait de hêtre ! » sur quel fut placez vous l'accent ? 
(cet indice chez vous : "la barrique a son couvercle, sur l'autre il n'y est pas")

Même question ici : « ... que le fut fut en chêne » 
(cet indice chez-vous : "les deux portent le chapeau !^^ )

Souhaitons que cette absurde histoire de "fut", fut-elle futile, puisse au moins aider quiconque lira ce conte d'hauteur indéterminée (ça reste à mesurer) à moins s'égarer dans la confusion désormais. Pensez-y et restez toujours à l'af…fût !!

À titre d'exemple on écrira donc : "Le fût fut gros"
et (attention, 3ème personne du singulier de l'imparfait du subjonctif oblige) : "que le fût fût ... fin.
(même si c'est "fin" dans le sens "pas épais" on se permettra malgré tout de terminer ainsi)

Note de l'auteur

Il fut une fois un fût...vous venez de lire la version au "passé simple" (mais pas si simple que ça...)
Sachez que le fu fouri... euh, le fou furieux que je suis cogite actuellement sur une version plus "classique" suivant la pure tradition (à l'imparfait, donc) :
Il était une fois un étai...
(même bien étayée avec un solide morceau de bois en… hêtre - tant qu'à faire ! - pas sûr que cette histoire tienne debout non plus, m'enfin…)
et dans le futur suivra certainement la version au "présent" :
Il est une fois une haie...
(pas de sapin ni de bambou ni de laurier… etc., mais de… hêtre bien-sûr !!! ^^ )


Ernest (et non pas "Ernfut", hein!) Westnordsüd 

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